(Opinion du lecteur)-Depuis plusieurs années déjà, l’Association des microbiologistes du Québec fait des démarches pour que la profession de microbiologiste soit encadrée par un ordre professionnel, notamment pour assurer une meilleure sécurité du public.
Alors que le statu quo présente des risques bien réels pour la protection du public, nous avons été vivement déçus d’apprendre que l’Office des professions du Québec suspendait notre demande d’encadrement de la profession de microbiologiste et que nous n’avions pas été invités aux consultations sur le projet de loi n° 67 portant notamment sur la modernisation du système professionnel.
Nous déplorons profondément cette mise au rancart de notre dossier et l’exclusion des consultations qui nous auraient permis de nous prononcer sur un projet de loi qui nous interpelle. La déception est amère, surtout que cela s’ajoute au manque d’ambition politique observé depuis longtemps.
À l’heure actuelle, les professionnels microbiologistes ne sont pas encadrés par un ordre professionnel. Il n’y a donc aucun mécanisme externe pour s’assurer qu’un microbiologiste a les compétences requises pour pratiquer dans son domaine. Cette situation est source de risques pour le public. Et ces risques, ils sont nombreux, passant du charlatanisme en analyse microbiologique à la non-détection des micro-organismes nuisibles, de pathogènes et de virus. Toutefois, ces risques pourraient être résolus presque entièrement par l’encadrement professionnel de la microbiologie.
La protection du public compromise
Le gouvernement a invoqué la rigueur nécessaire pour traiter les dossiers liés au système professionnel comme l’une des principales raisons du délai, de même que le choix de prioriser des demandes devant être traitées à plus brève échéance afin d’assurer la protection du public. En effet, l’encadrement professionnel est complexe. Or, ce n’est pas une raison de repousser indéfiniment la mise en place d’actions concrètes. Le gouvernement connaît bien les enjeux. Sinon, c’est avec grand plaisir que nous lui rappellerons.
Justement, notre exclusion des consultations sur le projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du système professionnel et visant l’élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux, est une occasion ratée par le gouvernement de nous laisser proposer des solutions proactives et constructives afin d’améliorer cette pièce législative qui nous concerne. Rappelons qu’alors que le projet de loi s’attaque directement aux pratiques du milieu de la santé, les microbiologistes jouent eux aussi un rôle prépondérant dans le maintien d’une population québécoise en santé, et ce, directement ou indirectement. À titre d’exemple, des microbiologistes travaillent à surveiller l’évolution des maladies infectieuses, à développer des vaccins pour contrer ces maladies et à effectuer de la recherche sur des thématiques et des enjeux de santé publique.
Comme association représentant les microbiologistes, nous sommes prêts à collaborer pour le bien-être de la population. Elle qui soutient d’ailleurs majoritairement notre proposition. En effet, selon un sondage CROP d’octobre 2023, huit Québécois sur dix se disaient favorables à l’intégration des microbiologistes au système professionnel au sein d’un ordre. De la même façon, nous avons l’appui unanime des trois groupes d’opposition à l’Assemblée nationale. Maintenant, au gouvernement d’agir en cette nouvelle session parlementaire qui s’amorce. Le report à la semaine des quatre jeudis n’est pas une option.
Par Marc Hamilton, président de l’Association des microbiologistes du Québec