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Un médicament efficace, mais pas toujours accessible

PHOTO THOR SWIFT, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Des comprimés de prophylaxie préexposition (PrEP) de marque Truvada

Une hausse de 120 % des cas de nouvelles infections au VIH à Montréal pousse la Santé publique à lancer une campagne de sensibilisation. Pourtant, la PrEP peut prévenir l’infection par le VIH. Mais qu’est-ce que la PrEP ?

Qui peut prendre la « PrEP » ?

La prophylaxie préexposition (PrEP ou PPrE) est un médicament composé d’antiviraux (anti-VIH) destiné aux personnes séronégatives.

Elle permet d’empêcher jusqu’à 97 % les infections au VIH en cas d’exposition1.

La PrEP peut être utilisée quotidiennement par les personnes les plus sexuellement actives. Elle peut se prendre aussi à la demande. Dans ce cas, il faut la prendre au minimum deux heures avant un rapport à risque. Suivent deux prises 24 heures après, sur deux jours.

Bien qu’elle soit pour le moment offerte sous forme de comprimés délivrés sur ordonnance, une forme injectable devrait bientôt être offerte.

Le site maprep.org permet aux personnes qui le souhaitent de répondre à un questionnaire afin de savoir si la PrEP est une bonne option pour elles2.

Pourquoi une campagne de prévention ?

En 2022, Montréal a enregistré une hausse significative de 120 % des nouvelles infections au VIH par rapport à l’année précédente, soit 310 nouveaux cas d’infection. De ce nombre, 108 étaient chez des hommes gais ou bisexuels, contre 80 en 2021 et 64 en 2020.

Les nouveaux cas montréalais en 2022 représentent 74 % des nouveaux cas au Québec.

De plus, moins de la moitié des personnes admissibles à la PrEP ne la prend pas. L’ensemble de ces facteurs a donc poussé la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal à lancer ce jeudi une campagne de prévention à l’échelle de l’île de Montréal.

Les affiches de la campagne de sensibilisation

IMAGE FOURNIE PAR LA DIRECTION RÉGIONALE DE SANTÉ PUBLIQUE DE MONTRÉAL

L’une des trois affiches de la campagne PrEP qui seront déployées sur le territoire montréalais

IMAGE FOURNIE PAR LA DIRECTION RÉGIONALE DE SANTÉ PUBLIQUE DE MONTRÉAL

L’une des trois affiches de la campagne PrEP qui seront déployées sur le territoire montréalais

IMAGE FOURNIE PAR LA DIRECTION RÉGIONALE DE SANTÉ PUBLIQUE DE MONTRÉAL

L’une des trois affiches de la campagne PrEP qui seront déployées sur le territoire montréalais

IMAGE FOURNIE PAR LA DIRECTION RÉGIONALE DE SANTÉ PUBLIQUE DE MONTRÉAL

L’une des trois affiches de la campagne PrEP qui seront déployées sur le territoire montréalais

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    L’une des trois affiches de la campagne PrEP qui seront déployées sur le territoire montréalais
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« On essaye de parler aux gens qui ne se sentent pas à risque pour le VIH », explique le DJulian Gitelman, responsable médical du Service infections transmissibles sexuellement et par le sang à la DRSP de Montréal. « On espère que cela va créer des conversations entre amis ou avec son médecin pour savoir si on est admissible. »

Le DGitelman a participé à l’élaboration de cette campagne et espère sensibiliser des personnes qui ne se sentent pas concernées.

« Les gens ne savent pas que la PrEP est très efficace et que si elle est prise régulièrement ou comme prescrite, elle prévient presque toute transmission », dit-il.

Cette campagne a été élaborée en partenariat avec le Portail VIH/Sida, REZO, GAP-VIES, ACCM, SIDEP+ et la clinique urbaine médicale du Quartier latin.

La PrEP est-elle accessible ?

Il est possible de se procurer la PrEP auprès de son médecin de famille, mais également dans une clinique de santé sexuelle3.

Cependant, plusieurs barrières limitent son accessibilité, à commencer par son coût. Il faut compter en moyenne près de 100 $ par mois pour une personne couverte par la RAMQ sans assurance privée.

Pour les personnes ne bénéficiant pas de la RAMQ comme les étudiants internationaux et les travailleurs temporaires, son coût peut alors s’élever à 250 $ par mois en l’absence d’assurance privée.

« La plus grande barrière à l’accès, c’est le coût, explique le directeur général de la COCQ-Sida, Ken Monteith. Quand quelqu’un a un choix à faire entre les divers coûts de la vie qui ont augmenté, acheter un outil de prévention du VIH devient parfois l’outil qui va souffrir. »

Il souligne que la gratuité de la PrEP en Angleterre a permis d’augmenter son utilisation et de « baisser drastiquement » les nouvelles infections.

« Si on veut enlever les barrières, il faut rendre cet outil gratuit, explique Ken Monteith. [Mais] le gouvernement [québécois] ne nous répond pas. […] C’est dommage, car on avait une meilleure écoute dans le passé avec d’anciens gouvernements. »

Qu’en pensent les médecins ?

Le président-directeur général de la Clinique l’Actuel, le DRéjean Thomas, voit des milliers de personnes sous PrEP dans son établissement dont la grande majorité sont des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.

« Les nouvelles infections qu’on a sont des gens qui n’ont jamais pris la PrEP ou des personnes qui ont cessé de la prendre et ne l’ont jamais reprise, affirme le DThomas. [La PrEP] est beaucoup moins connue en dehors de la communauté LGBTQ2+. »

Il déplore l’ignorance et le malaise de nombreux professionnels de la santé qui refusent de prescrire ce médicament. La moitié de ses patients qui viennent pour la PrEP ont déjà un médecin de famille.

« Ce n’est pas normal que la PrEP ne soit pas enseignée aux étudiants en médecine, dit-il. On a des gens qui viennent de Drummondville, de Sherbrooke, ce n’est pas normal qu’ils n’aient pas accès à la PrEP dans leur région aussi. »

Qu’en pense le gouvernement ?

De son côté, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) rappelle que le Québec a été la première province à « rendre accessible » la PrEP en permettant à la RAMQ de couvrir une partie des coûts.

« Il n’est pas prévu actuellement de rembourser 100 % des coûts des médicaments contre le VIH, ceux-ci étant remboursés en partie par le Régime général d’assurance médicaments, ajoute le MSSS. Les personnes vulnérables sur le plan économique, notamment les personnes requérant de l’assistance sociale, bénéficient de la gratuité des médicaments. »

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