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Tout savoir sur la listériose

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PHOTO EVA GRUENDEMANN, ARCHIVES GETTY IMAGES

Plusieurs sortes de boissons végétales ont été rappelées par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), suite à une contamination par la bactérie Listeria.

Qu’est-ce que la listériose, cette maladie qui a fait deux morts au Canada dernièrement à cause de boissons végétales contaminées ? La Presse fait le point avec Lori Burrows, microbiologiste à l’Université McMaster, à Hamilton.

Qu’est-ce que la listériose ?

La listériose est une maladie causée par la consommation d’aliments contaminés par la bactérie Listeria monocytogenes. « Cette bactérie n’est pas présente dans l’aliment lui-même, à la base. Mais elle peut contaminer la nourriture pendant le processus de transformation ou d’emballage », explique Lori Burrows.

Or, contrairement à beaucoup d’autres, « cette bactérie tolère bien les environnements froids et même salés, indique la chercheuse. Donc elle va survivre et proliférer même si l’on conserve l’aliment au réfrigérateur. »

LA BACTÉRIE LISTERIA PEUT SE RETROUVER DANS :

  • la viande crue, comme le tartare
  • le poisson cru, comme les sushis
  • les produits faits de lait cru ou non pasteurisé
  • les aliments préparés – contaminés après la cuisson et avant l’emballage –, comme les produits prêts à manger, les poissons fumés, les fromages à pâte molle et semi-ferme faits de lait pasteurisé, la charcuterie cuite (rillettes, terrines), les saucisses à hot-dog
  • les produits frais, comme les salades préemballées

Source : site du gouvernement du Québec

Est-ce une maladie rare ?

Entre 2 et 3 % des viandes de charcuterie, des fromages à pâte molle et des salades emballées seraient contaminés par la bactérie Listeria, selon une méta-analyse publiée en 2019 et rassemblant plus de 100 études. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) rappelle d’ailleurs régulièrement des aliments contaminés par cette bactérie : rien qu’en 2024, elle en a rappelé jusqu’ici plus d’une dizaine.

« Selon toute probabilité, les Canadiens consomment régulièrement des aliments qui pourraient contenir de faibles concentrations de [Listeria] », peut-on lire sur le site de Santé Canada. Mais la listériose ne se déclenche que lorsque l’on consomme un aliment qui contient une forte concentration de cette bactérie. Donc malgré tout, relativement peu de personnes tombent malades : dans tout le pays, on dénombre, chaque année, de trois à cinq cas par million d’habitants.

Qui est concerné ?

La listériose se traite avec des antibiotiques et n’est pas mortelle la plupart du temps. Les symptômes se traduisent par de la fièvre, des douleurs musculaires, des nausées, des vomissements, des maux de tête et de la diarrhée ou de la constipation.

Mais parfois, elle peut prendre une forme dite « invasive », qui est mortelle dans 20 à 30 % des cas, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les personnes les plus susceptibles de développer cette forme grave sont les aînés, les personnes dont les défenses immunitaires sont affaiblies (en raison de traitements de chimiothérapie, par exemple) et les personnes enceintes.

« La bactérie peut passer dans le sang et atteindre le cerveau », explique Lori Burrows. Elle peut alors causer une septicémie, une encéphalite ou une méningite. « Chez les personnes enceintes, elle peut franchir la barrière du placenta », ajoute la chercheuse. Cela peut provoquer un accouchement prématuré ou un avortement. Le bébé meurt dans 20 % des cas environ.

Comment identifier l’origine d’une épidémie ?

Les symptômes apparaissent le plus souvent entre 3 et 30 jours après la consommation des aliments contaminés, et parfois même jusqu’à 70 jours après. Il peut donc être difficile d’identifier l’aliment qui a pu causer la maladie. De plus, les symptômes sont semblables à ceux d’autres maladies – grippe, intoxication alimentaire… Il est probable que beaucoup de cas passent sous le radar des médecins.

C’est pourquoi, explique Lori Burrows, une épidémie peut durer des mois avant que l’on mette le doigt sur le produit en cause. C’est d’ailleurs le cas actuellement : les premiers cas ont été recensés en août 2023, mais le rappel des boissons végétales n’a été fait que le 8 juillet 2024, soit près d’un an plus tard.

« Ça a pris du temps avant de faire le lien entre tous ces cas et de comprendre l’origine du problème », souligne Lori Burrows. Jusqu’ici, 12 cas ont été recensés par l’Agence de la santé publique du Canada, dont 9 hospitalisations et 2 décès1.

Comment éviter d’attraper la maladie ?

La bactérie est inodore, ne change pas l’apparence de la nourriture et ne goûte rien. Impossible, donc, de se fier à ses sens pour la repérer.

On conseille généralement aux personnes enceintes d’éviter de consommer de la viande ou du poisson crus, ou des produits à base de lait cru. Mais aucune recommandation n’est diffusée habituellement pour les boissons végétales.

Lori Burrows précise que les personnes enceintes ou à risque ne devraient pas nécessairement se méfier des boissons végétales en général. Mais dans ce cas-ci, et même pour la population générale, il est important de se débarrasser de celles que l’on pourrait avoir chez soi – entamées ou non – et dont les numéros de lots correspondent à ceux indiqués sur la liste de produits rappelés par l’ACIA2.

« Il ne faut pas oublier qu’il y a un long délai entre le moment où l’on consomme un aliment contaminé et les premiers symptômes. Donc si vous en avez consommé et que vous êtes à risque, que vous êtes inquiets ou que vous avez des symptômes, n’hésitez pas à consulter un médecin », affirme-t-elle.

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