Andrea Lubeck
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Photo d'archives Agence QMI, Mario Beauregard
Chaque année, la Fondation Rivières organise le Grand Splash pour réclamer un meilleur accès aux cours d’eau pour la baignade. Sur la photo, des baigneurs qui se sont jetés à l’eau au quai Jacques-Cartier en 2018.
En France, les autorités ont investi 1,4 milliard d’euros (2,1 milliards $ canadiens) pour assainir la Seine, notamment dans le but d’y tenir des épreuves de nage durant les Jeux olympiques de Paris.
La mairesse de la capitale française, Anne Hidalgo, s’est même jetée à l’eau cette semaine pour rassurer la population sur sa propreté à quelques jours de l’ouverture des Jeux. Le grand public devrait quant à lui pouvoir se baigner dans le fleuve qui traverse la Ville Lumière dès l’été 2025, après plus de 100 ans d’interdiction.
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La mairesse de Paris, Anne Hidalgo, s’est baignée dans la Seine le 17 juillet pour prouver que l’eau du fleuve est propre à la nage.
LA QUESTION QUI SE POSE: MONTRÉAL POURRAIT-ELLE IMITER PARIS?
Pour le microbiologiste Marc Hamilton, il n’y a aucun doute: à plusieurs endroits, l’eau du fleuve Saint-Laurent est propre à la baignade.
Pour qu’on puisse y nager, un cours d’eau doit contenir moins de 200 coliformes fécaux par 100 ml d’eau, précise celui qui est également président de l’Association des microbiologistes du Québec.
La Fondation Rivières, qui milite pour que les Québécois disposent d’un meilleur accès à l’eau en milieu urbain et semi-urbain, recense pour sa part 57 points potentiels pour la baignade autour de l’île.
Selon les échantillons recueillis dans la semaine du 10 juillet par le Réseau de suivi du milieu aquatique (RSMA) de la Ville de Montréal, au moins la moitié de ces points présentent des taux acceptables pour la baignade.
À l’heure actuelle, Montréal ne compte pourtant que deux endroits pour se baigner dans le fleuve: la plage de Verdun et la plage Jean-Doré, au parc Jean-Drapeau.
DE L’EAU DE PLUS EN PLUS PROPRE
C’est vrai, dans les années 70, l’eau du Saint-Laurent était impropre à la baignade. Mais dans les dernières années, «on a investi beaucoup pour que les eaux soient moins chargées de ces matières organiques et la qualité du fleuve est meilleure», assure Marc Hamilton.
«Les systèmes de traitement des eaux usées étaient inefficaces. Ce qui était solide dans l’eau, ça se retrouvait dans le fleuve directement, ce qui faisait en sorte que la charge organique était beaucoup plus élevée, favorisant la prolifération bactérienne», explique-t-il.
Ainsi, même si certaines municipalités déversent toujours leurs eaux usées dans le Saint-Laurent, leur traitement, additionné au phénomène de dilution dans le fleuve, fait en sorte que la qualité de l’eau est suffisante à bien des endroits.
UN ENJEU DE JUSTICE CLIMATIQUE
Avec les canicules qui sont appelées à se multiplier et à s’aggraver à cause des changements climatiques, avoir accès à un point d’eau en milieu urbain et semi-urbain devient une question de justice climatique, affirme André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières.
«Les cours d’eau qui traversent les villes sont souvent dans les quartiers centraux, où se trouvent beaucoup de personnes démunies. Ouvrir des points d’accès dans le centre-ville de Saint-Jérôme, c’est desservir une clientèle qui est toujours laissée pour compte, qui ne se paiera jamais un chalet sur un lac privé», illustre-t-il.
CONSEILS POUR LA BAIGNADE EN MILIEU NATUREL
- N’avalez pas d’eau.
Même si elle est claire et qu’elle n’a pas d’odeur, note Marc Hamilton.
«Ça peut entraîner des infections, une gastro-entérite bactérienne, une irritation de la peau», précise le microbiologiste.
Assurez-vous aussi de surveiller les enfants, qui ont tendance à avaler plus d’eau.
- Ne vous baignez pas de 24 à 48 heures après la pluie.
L’accumulation des précipitations augmente le débit et peut créer des surverses d’eaux usées dans les cours d’eau.
- Ne vous baignez pas avec une plaie ouverte.
Lorsqu’une coupure pas tout à fait cicatrisée entre en contact avec des bactéries fécales, cela peut entraîner des infections.