(Montréal) Depuis que la crise sanitaire de la COVID-19 a plongé le Québec (comme le reste du monde) dans un important confinement, les rentrées scolaires ont été synonymes d’inquiétude et d’incertitude. Malgré la hausse du nombre de cas cet été, il n’y a toutefois pas lieu de trop s’inquiéter, selon un expert.
Katrine DesautelsLa Presse Canadienne
Il faut néanmoins continuer d’adopter les bons comportements, surtout de garder à la maison un enfant malade.
Il est inévitable qu’il y ait des cas d’infection à la COVID-19 dans les classes puisque les enfants sont les uns à côté des autres, explique Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM et expert en virologie.
« Que ce soit le virus de la COVID-19 ou le virus de la grippe, idéalement, le parent devrait garder l’enfant [malade] chez lui, éviter qu’il aille à l’école parce que de toute façon ce ne sont pas les meilleures conditions d’apprentissage », dit-il.
Parmi les autres mesures importantes, M. Barbeau fait mention de l’aération des classes, un aspect qui a fait couler beaucoup d’encre durant la pandémie.
Autant que possible, on garde un certain flux d’air pour s’assurer que l’air circule. On espère que les écoles sont munies de bonnes unités de ventilation.
Benoit Barbeau, expert en virologie
Cet été, le nombre de cas positifs à la COVID-19 a grimpé de façon relativement constante et il continue d’augmenter. Les données du gouvernement du Québec pour la semaine du 11 au 17 août font état de près de 2500 nouveaux cas, dont 1217 hospitalisations.
« C’est certain qu’à l’arrivée de la rentrée on va surveiller de près ce virus et les autres, mais celui-là particulièrement par rapport à ce qu’on a vécu dans les dernières années. On veut s’assurer qu’on a une bonne compréhension de la situation, du tableau actuel, avant même que la rentrée arrive », indique M. Barbeau.
PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE
Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM et expert en virologie.
C’est aux gouvernements provinciaux et fédéral de communiquer avec la population les bonnes pratiques et s’assurer qu’on peut, malgré cette hausse, maintenir un certain contrôle de la transmission de ce virus.
Benoit Barbeau, expert en virologie.
Il précise qu’actuellement ce sont les sous-variants KP.1, KP.2 et KP.3 qui sont très prévalents et plus transmissibles, ce qui cause ces hausses de cas d’infection.
Ces sous-variants, tout comme les plus anciens BA.1, BA.2, BA.4 et BA.5, sont issus du variant Omicron. « Le bénéfice qu’on a soutiré de cette prévalence soudaine et très importante d’Omicron est l’idée dérivée que les symptômes sont habituellement moins importants que le variant qui précède. Juste avant, on voyait le variant Delta qui montait et qui commençait à grossir en termes de cas d’infection, mais lui était beaucoup plus important au niveau des symptômes », explique M. Barbeau.
La situation actuelle n’inquiète pas
Bien que les sous-variants qui proviennent d’Omicron sont associés à des symptômes moins graves que ceux du variant Delta, il n’est pas exclu qu’ils mutent en un virus plus agressif. « C’est sûr qu’on pourrait éventuellement arriver à un [variant] un peu plus dangereux, associé à des symptômes plus graves », avertit M. Barbeau.
Il estime toutefois que les sous-variants qui circulent actuellement au Québec ne sont « pas trop sérieux en termes de risque de cas d’hospitalisation ». Il rappelle par ailleurs que les enfants ont généralement des symptômes mineurs de la COVID-19. Les cas d’hospitalisation des enfants sont peu nombreux et les morts assez rares.
L’expert en virologie ne s’attend pas à ce que dans un avenir rapproché la COVID-19 ait autant d’impact sur le système de l’éducation qu’au cours des précédentes rentrées scolaires. « Je crois que la fermeture d’une classe, c’est vraiment un dernier recours si la situation devient hors de contrôle et qu’il s’agit de la seule façon pour diminuer la transmission », dit-il.
M. Barbeau est d’avis que le pire est passé depuis la vague Omicron qui a frappé le Québec à la fin de l’année 2021 et au début de 2022. « Ç’a été le sommet, une amplitude extraordinaire dans la montée des cas d’infection. […] Soudainement, on a rattrapé ceux qui n’étaient pas [infectés]. Ç’a été un pic et ça me surprendrait qu’on vive la même chose dans les prochaines années ou même décennies, mais on ne sait jamais. »
Autres virus
Il existe une panoplie de virus respiratoires, comme d’autres coronavirus, des rhinovirus et des adénovirus. Ceux-ci sont tous responsables du rhum commun. Il faut aussi se méfier du virus respiratoire syncytial (VRS) qui est plus dangereux pour les jeunes enfants et les personnes âgées.
Mais la COVID-19 a une particularité : ce virus circule en tout temps, quoique plus actif l’automne et l’hiver. Le fait qu’il se transmette toute l’année fait en sorte qu’il s’adapte en fonction de la population qui est infectée. « À travers la multitude de variants qui sont produits, il y en a toujours un qui trouve la combinaison gagnante pour être capable d’être plus prévalent. C’est ce qu’on voit depuis la fin de mois de mai où les cas d’hospitalisation ont augmenté », explique M. Barbeau.
L’influenza, qui émerge à l’automne et perdure jusqu’au dernier moment de l’hiver, peut aussi causer un important nombre d’hospitalisations.
On ne sait jamais quelle sera l’intensité du virus de l’influenza, certaines souches sont plus agressives que d’autres, selon les années. « Les dernières années, on a eu des vaccins qui ont été très efficaces », commente M. Barbeau.
Chaque année, le vaccin contre l’influenza est produit en fonction de prévisions établies par l’Organisation mondiale de la santé qui tente de prédire quelles souches de la grippe seront les plus dominantes lors de la prochaine saison.
Pour la vaccination contre la COVID-19, le comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) recommande que seuls les vaccins contenant la plus récente souche sélectionnée devraient être utilisés à l’automne 2024.
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